jeudi 24 mai 2012

CSHSA : un livre blanc sur la stratégie transfrontalière

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23/5/12 - La problématique transfrontalière est généralement abordée de manière très institutionnelle, sans vraiment prendre en compte la vision que peuvent en avoir les « forces vives », vision d’ailleurs contrastée : le secteur de la santé et l’industrie mécanique se plaignent de l’aspiration de main-d’œuvre par la Suisse romande, le secteur de l’immobilier et le commerce se félicitent au contraire du niveau de vie généré par la proximité de Genève, qui bénéficie maintenant à la totalité du territoire départemental.

Un « état des lieux » montre que par rapport à 1973 (Traité sur la compensation genevoise), tout a changé à partir de 2002 (Bilatérales) : la provenance des nouveaux arrivants (qui à l’origine étaient exclusivement les habitants de la proche ceinture de Genève), l’emprise institutionnelle de l’Europe, la mondialisation de l’économie. Les Bilatérales ont eu, selon le Conseil Fédéral lui-même, un impact fortement positif pour la Suisse : « une croissance durable et sans inflation ». Le nombre de frontaliers a doublé. Le développement de l’habitat s’est fait en France sur un périmètre élargi.

Malgré l’institutionnalisation d’une agglo transfrontalière, c’est la stratégie suisse, moins dispersée que la française, qui donne l’impulsion avec une focalisation très marquée sur les questions de mobilité. Cette priorité donnée aux questions de transports va-t-elle dans le sens d’un rééquilibrage ? Va-t-elle réduire les déséquilibres emploi/habitat ou au contraire consolider la vocation respective des territoires, d’un côté l’emploi, de l’autre côté l’habitat ?

Or, ces déséquilibres génèrent des tensions qui, par leurs effets pervers, peuvent menacer à terme la complémentarité transfrontalière : disparités sociales et tensions sur le logement côté français, réactions populistes côté suisse. L’intérêt commun serait de mettre sous contrôle ces disparités et ces tensions.

Une démarche de rééquilibrage doit partir d’une analyse comparée des forces et faiblesses, et doit aussi s’inscrire dans la prospective. Quatre tendances de l’économie suisse sont à relever : augmentation des besoins de main d’œuvre dans le luxe et notamment l’horlogerie en relation avec le “Swiss Made”, stabilité à la marge de l’implantation des organismes internationaux, éventualité de baisse des emplois dans les bio-tech due au CHF fort et dans la finance en cas de diminution des actifs gérés par les banques suisses, consolidation en revanche des activités de négoce et de trading au premier rang mondial.

Tirant les enseignements de cette analyse, des préconisations sont présentées, allant du global au local : veille stratégique et diplomatique, audit social et financier, outils de rééquilibrage économique.

Il faut d’abord combler une lacune en suscitant, au niveau diplomatique et européen, un dispositif de vigilance s’appuyant sur un groupe de veille des départements frontaliers : les régions frontalières ne devraient plus pouvoir subir, sans étude d’impact préalable, les effets des négociations entre Berne et Bruxelles.

Le même impératif d’une large évaluation préalable devrait prévaloir dans les relations binationales. Une stratégie focalisée sur Genève et sur les questions de transports n’est-elle pas réductrice, alors que des questions stratégiques majeures sont traitées directement entre Genève et Lausanne (développement de la navette ferroviaire, complémentarité des équipements hospitaliers, coopération universitaire, relations à l’international) ?

Il en va de même pour la couverture des charges. Si le principe de 1973 de compensation financière genevoise des charges assumées par la France doit être intangible, ses modalités doivent faire l’objet d’une « mise à plat ». Pour une meilleure transparence, un audit devrait établir les charges et leurs compensations, relatives à toutes les catégories de résidents sur France, et pas seulement les travailleurs frontaliers au sens strict. Cet audit pourrait être étendu à tous les mécanismes transfrontaliers, comme la prise en compte des transports, du logement, de l’indemnisation du chômage. Bien entendu, cet audit conduit par l’Etat serait mis à disposition, pour validation, des autorités suisses.

Dans la foulée, un « accord de méthode » (comme celui qui vient d’être signé entre la France et la Suisse pour le fonctionnement de l’aéroport de Bâle-Mulhouse) pourrait prendre en compte les réalités et les enjeux actuels en affectant une part des compensations à de nouveaux domaines, sans préjudice pour les allocations allant aux collectivités locales qui pourront au contraire couvrir des charges non comprises jusqu’ici. Des dotations seraient affectées au logement social (pour arrêter d’éloigner l’habitat des travailleurs de la région frontalière française), à la formation et à la R&D favorisant l’innovation et les complémentarités économiques.

Localement, on peut aussi mettre en œuvre des outils de rééquilibrage dans le sens du maintien de la main d’œuvre qualifiée en France. Le document comporte à cet égard un « argumentaire du travail frontalier », donnant un panorama des aspects sociologiques, des caractéristiques des emplois, du temps de travail, des revenus, des impôts, de la protection sociale et des retraites. Le management des ressources humaines dans les entreprises peut être orienté vers la flexibilité, des projets de formations communes avec des financements partagés sont possibles. On peut étudier des allocations de fidélisation dans l’apprentissage, on peut mettre en œuvre des bi-localisations et des partenariats économiques sur des développements d’affaires. Le CHF fort, pénalisant pour l’industrie suisse, pourrait favoriser un mouvement de bi-localisations.

Le rapport d’étape du Livre Blanc Transfrontalier est produit dans l’esprit de contribuer à une stratégie de rééquilibrage. La complémentarité franco-genevoise doit d’abord s’appuyer sur une démarche de transparence et d’évaluation. Elle doit dépasser la gestion avec la proche couronne genevoise des questions de mobilité qui correspondent juste à l’extension de la ville, alors que celle-ci traite en parallèle avec Lausanne les questions stratégiques. Une nouvelle complémentarité transfrontalière devrait avoir un objet et un périmètre élargis s’inscrivant, pour un bénéfice réciproque, dans une vision de long terme.

Pour en savoir plus : téléchargez l’intégralité du livre blanc en cliquant sur ce lien.

samedi 19 mai 2012

Belle histoire pour un Business Angel

Peter THIEL - Business angel

19/5/12 - Vous ne le connaissez peut-être pas mais il s'appelle Peter THIEL et surtout il a été l’un des premier à faire confiance à Mark ZUCKERBERG, le fondateur de Facebook. En 2004, Peter est intervenu comme business angel en investissant 500’000 $ dans l’affaire. Il détient aujourd’hui 2.5% du capital.

L’entreprise venant de s’introduire en bourse avec une valorisation un peu inférieure milliards de dollars, le gaillard voit donc son investissement valorisé à environ 2 milliards de dollars. Pas mal ! 

Photo : Wikipedia France

mardi 15 mai 2012

Stratégie transfrontalière entre la Haute-Savoie et Genève

Dans le cadre du Conseil Stratégique Haute-Savoie Avenir, nous avons conduit une réflexion quant à la stratégie à élaborer pour maintenir des relations équilibrées entre notre département et la Suisse et en particulier le canton de Genève.

En France, le secteur de la santé et l’industrie mécanique se plaignent de l’aspiration de main-d’œuvre par la Suisse romande, le secteur de l’immobilier et le commerce se félicitent au contraire du niveau de vie généré par la proximité de Genève, qui bénéficie maintenant à la totalité du territoire départemental. De nombreux autres problèmes et opportunités existent entre nos deux territoires de la culture au développement économique sans oublier la formation. J’ai eu le plaisir d’apporter mes connaissances des deux pays à l’aulne de mes 33 années de travail dans la citée de Calvin.

Roland PASCAL a présenté vendredi 11 mai son rapport d’étape unanimement appréciée par les membres du CSHSA. Le matin même nous avions rencontré Michel CHARAT et l’équipe de direction du Groupement Européen des Frontaliers ce qui nous permis d’identifier quelques pistes supplémentaires pour des recommandations qui seront formulées dans un livre blanc qui sera publié dans quelques semaines.

Mais sans attendre la version finale, Olivier DUCUING et Gabrielle SERRAZ correspondants pour Les Echos reprennent dans l’édition de ce jour quelques idées de l’avant-projet dont ils ont pu prendre connaissance.

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samedi 12 mai 2012

Un député = une vision pour la France

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12/5/12 - Ma conception du rôle d’un Député est celle d’un leader qui est en mesure d’articuler une vision pour notre pays. Une vision qu’elle, ou il, devra ensuite traduire sous forme de propositions au sein des diverses commissions de l’Assemblée nationale et éventuellement soutenir en séance plénière.

Notre région de montagne et frontalière a beaucoup de spécificités qui doivent être prises en compte par les lois qui seront votées durant le quinquennat. Il/elle doit être un relais entre sa circonscription et l’Etat pour exprimer des attentes spécifiques au territoire qu’il représente, mais pas seulement.

Les problématiques de l’agriculture alpestre, les impacts du réchauffement climatique, le fait qu’environ 30 % des habitants de la Haute-Savoie travaillent dans un pays voisin, la rareté du foncier, la montée du chômage et de l’insécurité sont autant de sujets pour lesquels nos futurs députés devraient avoir des propositions à faire.

Alors que les pays de Savoie perdent leurs emplois industriels, d’autres pistes doivent être trouvées pour maintenir un niveau d’activité économique correct. J’entendais deux ténors de l’industrie de notre département déclarer que la balance commerciale de notre département était en constante réduction et que depuis 2007 l’excédent commercial avait été divisé par deux ! Selon le bulletin de conjoncture de l’agence économique départementale sur l’année le solde commercial pour la Haute-Savoie a été de + 611 millions d’euros soit un taux de couverture de 1.17 contre 1.24 l’an dernier.

La taille moyenne de nos entreprises est trop petite pour envisager (en moyenne) des développements à l’export ou des opérations de R&D qui permettraient d’envisager le futur plus sereinement. Que proposent nos futurs élus ?

Les coûts de gestion du vieillissement de la population explosent, comment envisagent-ils leur financement ?

Les acteurs du tourisme hivernal viennent de fermer leurs établissements et profitent sans doute de l’intersaison pour profiter d’un repos bien mérité. Mais comment pouvons-nous affronter la concurrence des pays émergents qui drainent de plus en plus de touristes ? Quelles actions seront-elles proposées au niveau de l’Etat pour conquérir de nouveaux clients et maintenir la France dans le top 5 des destinations ? Les professionnels de l’hôtellerie peinent à trouver des employés qualifiés, le parc de chambres disponibles autant en plaine qu’en montagne vieillit et le patrimoine familial se fractionne au fil des successions. N’y a-t-il pas là des initiatives à prendre ?

A l’heure où de grandes manœuvres se déroulent pour réorganiser l’écosystème universitaire, quelle sera la position de l’Université de Savoie ? Qu’envisagent-ils de faire pour soutenir une présence voir un développement des filières sur notre territoire ?

La problématique des transports urbains et inter urbain augmente de manière exponentielle. La croissance de la population du département est bien plus forte qu’ailleurs. Les embouteillages et la course aux places de parking ne font donc que s’allonger. Même constant pour la lenteur ou l’absence des liaisons avec Paris qui ne peuvent être considérées comme un avantage concurrentiel pour la Haute-Savoie. Quel sera votre combat pour maintenir les liaisons aériennes et obtenir un TGV qui nous permettrait de relier la capitale en moins de 3 heures ?

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle nous avons pu observer une bataille de chiffres destinée à indiquer aux électeurs que la situation du déficit de la France nécessitait une attention particulière. Oui, mais que proposez-vous à votre niveau pour contribuer à réduire un peu la dette de plus de 1700 milliards d’euros ? Pour accroitre la progression du PIB afin de générer de véritables recettes et de ne pas tout miser sur l’augmentation de la pression fiscale ? La Grèce s’entredéchire et sa défaillance financière risque une nouvelle fois de mettre à mal certaines de nos banques exposées à la dette de ce pays. Qu’anticipez-vous pour limiter les dégâts ?

* * *

Alors mesdames, messieurs les candidats de tous bords, j’aimerai lire autre chose que les détails de vos agendas, de vos photos en train de distribuer des tracts sur un marché ou d’une audience dans une salle quand vous ne publiez pas des photos de VOUS en train de couper un ruban. Beaucoup de vos électeurs souhaitent découvrir vos opinions, vos idées, votre vision pour le développement (ou le maintien…) de la qualité de vie dans notre pays. En changeant le contenu de votre communication, je suis certains que vous accroitrez votre audience et que vous ramènerez aux urnes de nombreux abstentionnistes qui seront, quelles que soient vos idées, des électeurs qui voteront probablement pour vous.

lundi 7 mai 2012

Comparez les données économiques de la France avec celles d’autres pays !

Pouvoir accéder à la connaissance est un défi que nous relevons chaque jour en améliorant les processus d'apprentissage et notre motivation. Toutefois notre mémoire n'a pas la capacité de tout retenir. Alors nous avons inventé les moteurs de recherches (Google et les autres) et nous commençons très progressivement à mettre en œuvre des algorithmes utilisant les capacités du web sémantique et du traitement du langage naturel comme le fait SIRI qui est maintenant installé sur les smartphones Apple 4S. Selon un article du Wall Street Journal Google prévoit une modification majeure de son moteur en principe à la fin de l’année afin de pouvoir contrer l’initiative d’Apple.

Sans attendre cela, je viens d’installer sur la partie droite de mon blog un widget de la société WolframAlpha qui vous permettra de trouver les indicateurs économiques nécessaires à la compréhension des débats actuels concernant la vie économique de notre pays.

La crise est européenne

Ajustons notre ambition à l'échelle mondiale

7/5/2012 - Nous sommes à quelques heures du début de la campagne pour les législatives qui nous permettra de choisir nos représentants qui ont pour mission d’articuler une vision pour la France au sein de l’écosystème mondial. A ce jour je lis et j’entends que des comparaisons économiques avec les pays les moins performants et surtout ceux qui sont proches de nous. Une attitude que je peux comprendre pour justifier un bilan de campagne mais qui ne correspond pas vraiment à la réalité économique. Ainsi, pour réagir aux comparaisons à propos du chômage, j’ai extrait les données du « CIA World fact book » qui sont pour leur grande majorité relative à l’année 2011. Surprise, la France se situe au 106e rang des pays en ce domaine ! Certes quelques pays industriels, tels que l’Espagne, la Grèce et le Portugal, nous devancent mais nous sommes très loin de la Malaisie (3.1 %), de la Corée du Sud (3.4 %) ou encore de l’Australie (5%). La crise n’est pas une crise mondiale elle se concentre sur les vieux pays industriels !

A mon sens, la crise que nous vivons n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Les activités économiques se déplacent à l’Est de notre vieux continent et c’est avec de nouveaux pays que nous devons comparer nos indicateurs économiques. Des pays qui où l’enthousiasme reste le mode de pensée privilégié. Des pays qui doivent aussi faire cohabiter des communautés de culture très différentes, je pense en particulier à la Malaisie où hindous, musulmans et bouddhistes cohabitent tant bien que mal. C’est en observant leurs modèles économiques que nous devons ajuster le nôtre ! Si la Grèce a été le berceau de notre civilisation et nos amis italiens, portugais et espagnols des peuples latins comme nous, à l’aube de ce XXIe siècle nos regards doivent prendre en compte d’autres civilisations avec lesquelles nous interagissons comme jamais nous l’avons fait. Les communications physiques et virtuelles aidant, il appartient à nos dirigeants de prendre en compte ces nouveaux rapports et d’en évaluer les conséquences sur nos économies locales. Une vision mondiale doit être articulée (et ce n’est pas en se comparant aux mauvais élèves que nous y arriverons) et des actions locales doivent être initiées. Or, pour cette course à l’excellence, j’ai l’impression que nous conduisons une Clio et que nous essayons d’évaluer la distance qui nous sépare de nos suiveurs qui roulent en Fiat 500 en concentrant notre attention dans le rétroviseur. Nous oublions trop souvent de porter notre regard devant nous pour apprécier la distance qui nous sépare des meilleurs qui roulent avec un LEXUS : véhicule équipé d’un moteur beaucoup plus puissant et plus économe.

Au-delà de la partition droite-gauche, il est urgent de changer de focal et de comparer la performance de notre pays à celle des meilleurs. C’est un effort que nous devons tous entreprendre que nous soyons élus, chefs d’entreprise, syndicalistes ou simples citoyens.

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